CHAPITRE 1 SHINING STAR

Ici Evan .. Artiste Raté et Paumé pour vous servir .

Très tard le soir pour les uns, très tôt le matin pour d’autres.
Pourtant ce n’est pas l’envie de dormir qui me manque, c’est vrai, dormir est à l’heure actuelle le seul moyen de ne plus penser du tout et rêver encore un peu… mais je n’y arrive pas…
Je pense à tout ça…

Je vois le temps qui passe comme un sablier qui s’écoule encore et encore devant moi, de plus en plus vite, complètement impuissant.
Le pire, c’est que je sais qu’il faut profiter de cette vie, je sais à quel point elle est précieuse, éphémère, rapide. Chaque seconde vaut de l’or mais je n’arrive pas à en profiter, y a rien à faire et ça me rend encore plus angoissé.

Je n’ai pas peur de grandir, j’ai peur de vieillir avec des regrets, je n’ai pas peur de partir, j’ai peur de mourir avant d’avoir pu devenir ce que je suis vraiment au fond de moi.

Je voudrais faire tant de choses pour que tout évolue, pour me réaliser, pour changer un destin qui n’est pas fait pour moi.
Vous avez déjà eu cette impression de ne pas être à votre place? D’avoir cette viscérale certitude d’être fait pour beaucoup plus que cette case où on vous a inséré? Que cette cage où on vous a enfermé depuis toujours?

Ça m’obsède, je n’en peux plus, j’y pense le jour, la nuit, surtout la nuit …Mais je n’ai pas encore trouvé le moyen de me délivrer de ces chaînes, je n’ai pas encore trouvé la clé de cette prison dans laquelle je n’ai plus envie de moisir…

Toujours ce poids qui me pèse, toutes ces pensées envahissantes remplies de « pourquoi j’en suis là ? » , de « que puis je faire pour changer ça ? », de « quels sont les bons choix ? » qui gâchent la saveur de cette précieuse vie.

Chaque jour qui se termine me rappelle que je n’ai pas fait le petit pas de plus qu’il fallait pour devenir qui je suis réellement, ce pas de plus vers la réalisation de tout ce que je pourrais devenir et qui changerait complètement cette vie désastreuse actuelle… et je m’en veux tellement que je vais finir par me détester totalement.

Vous savez, j’aurais aimé être un acteur aussi, pour jouer tous les jours, pour changer de peau à ma guise… mais comme beaucoup de choses je n’ai jamais osé le dire et surtout le faire.
J’entendais déjà les moqueries des Joysuckers et les découragements de Maman, ceux qui m’ont déjà empêché de faire mon « coming out musical » jusqu’ici et de rester cloîtré dans un bureau.

Et si j’envoyais un message à ma petite garce adorée pour lui avouer tout ce que je ressens…? non , ce sera la même chose, elle me dira que c’est n’importe quoi, que j’ai du talent, certes, mais finalement pas à revendre. De plus, elle est peut être dans les bras d’un autre à cette heure ou elle a un autre dans ses pensées, dans tous les cas je préfère ne pas le savoir pour mieux savourer nos retrouvailles.

Alors c’est donc ça la solitude que je pouvais lire dans les yeux de ma grand mère juste avant de partir ..? Elle me disait toujours de profiter de la vie tant que je suis jeune parce qu’elle savait à quel point l’être humain pouvait devenir dégueulasse en grandissant, qu’au début de notre vie nous avons des amis partout, pour rien, n’importe quand, puis le temps passe et viennent toutes les cruautés de l’âge adulte.

Je suis en train de devenir complètement fou, je me demande chaque seconde si je n’ai juste pas le courage de tout changer pour avancer vers mes rêves ou si je suis, comme me le répètent sans cesse ces personnes «censées m’aimer», dans la mauvaise direction de ma propre vie…

Mais alors que faire? Et si cette prison n’était en fait que des murs que j’ai bâtis moi même dans ma tête? Faut il tomber de si haut pour respirer à nouveau? Doit t-on mourir pour changer de peau?

J’entends encore mon médecin me dire, «Evan , n’abuse pas des comprimés»

Oui c’est bon je sais…

Voilà comme ça, ça y est, on y est.

Aujourd’hui est donc le jour que j’ai choisi pour vous parler une dernière fois de tous ces maux, avant de partir loin de tout ça.

C’est la dernière fois que j’en parle ici dans ce journal, dans ce monde où j’ai l’impression que la souffrance morale est devenue tellement banale que même en l’écrivant en public, cela ne choque personne.

Venez les Joysuckers, c’est bon je me rends, on ne joue plus, je vous attends au sein de cette belle cellule de prison, celle de ma vie que vous avez confectionnée à votre image…

Rassemblez vous, tous, dansez autour de moi pendant mon chemin de croix, histrionique et fou que je suis.

Je veux que la foule de «zombies – robots» que vous êtes me donne un départ digne de ce nom dont c’est moi qui détiendrais le moment de l’exécution.

Mon ami, mon frère, mon traître, c’est toi qui viens me rendre visite à l’aube pour un dernier au revoir. J’ai souvent eu des doutes sur ta personnalité, qui tu es vraiment, on me dit de me méfier de toi mais je n’ai pas envie d’écouter, cette fraternité est trop forte.

Petit à petit j’ouvre les yeux sur qui tu es mais je n’ai pas encore envie d’affronter cette réalité, je veux croire encore que tu n’es pas ce serpent toxique et manipulateur alors viens dans mes bras.

Voilà, c’est terminé. Tout bouge, tout tremble, tout est limpide et c’est tellement beau.

Ma petite garce, je te suis des yeux, je te respire une dernière fois, c’est toi qui me guide, je suis idiot de t’aimer mais c’est tellement bon d’être con pour une si grande passion amoureuse.

Maman, tu fais mine d’être triste, dévastée d’assister à ma fin mais tu es au fond des plus satisfaites de me voir rendre mes rêves et de me voir enfin me mouler à cette conformité que tu souhaitais pour moi depuis toujours.

Vous , les rabat-joies, les négatifs, les sceptiques, les conformistes, les pessimistes, vous tous briseurs de Destin avez eu finalement raison de moi , aspiré toute la foi , la joie , l’énergie , la motivation qu’il pouvait rester en moi.

Je ferme les yeux une dernière fois, avec l’aide de ma pilule dorée.

Mais n’oubliez pas…

Quoiqu’il arrive, quoiqu’il advienne, c’est moi qui ai le pouvoir, même en souffrance , c’est moi qui ai le contrôle.

Alors promis, demain ou un autre jour, ici ou ailleurs, lors de mon réveil, je reviendrai .

Laissez moi partir car de ce long et difficile voyage, j’espère revenir au plus vite parmi vous.

Comme un oiseau qui s’enflamme après lui avoir coupé les ailes, comme une étoile qui scintille de mille feux après s’être fait étouffé sa lumière, je serai là, à ma place, et bien plus fort encore.

Avec toute ma passion.

Au revoir.

Evan .

Articles récents

Commentaires récents

    Archives

    Catégories

    Méta